dimanche 20 septembre 2015

Dora l'exploratrice : la preuve que Chipeur est un agent des stups depuis le début

S'il existe bien une oeuvre moderne qui fascine et interroge, c'est Dora l'Exploratrice. Si ce dessin animé coloré semble a priori s'adresser à un très jeune public, en mêlant intrigues simples et cours de langues ludiques, il présente, comme bien souvent, un sous-texte plus sombre et adulte afin d'interpeller toutes les générations. En revanche, là où ce programme se détache du reste de la production de divertissements pour jeune public, c'est dans l'incroyable méticulosité avec laquelle ses auteurs ont construit une intrigue fil rouge troublante de noirceur, alors même qu'ils étaient indubitablement conscient que l'énorme majorité des spectateurs ne s'en rendrait pas compte !
Afin de vous éclairer, mais aussi de rendre hommage à cette oeuvre de l'ombre majeure qu'est la mythologie Dora l'Exploratrice, je vous propose dans ce qui suit de vous mettre dans la confidence...


I) Le vrai métier de Dora :

La première chose qui frappe l'analyste éclairé lors de l'étude des aventures de Dora, c'est la volonté forte et louable de leurs scénaristes de dénoncer l'exploitation des enfants à des fins criminelles. Ici, on suit le quotidien de Dora Marquez, fillette de 8 ans sacrifiée sur l'autel des ambitions démesurées de ses aînés, qui resteront longtemps anonymes dans la série, à la façon d'une entité présente mais invisible, quasi-démiurge, dont les décisions font loi dans l'univers de la petite fille. Les Marquez, de manière évidente, représentent un vaste cartel de trafiquants de drogue. Si immoraux qu'ils osent faire accomplir des tâches de coursiers à tous les membres mineures de la famille, sans doute car ils encourent des peines moins graves que leurs parents. Armés seulement de leurs sacs à dos (chargés de "trucs et de bricoles", selon la formule consacrée) et de papiers à l'authenticité douteuse (la Carte manque un peu de précision), aussi bien Dora que ses cousins Diego ou Danyl Ramires, vont très régulièrement transporter des colis sur des kilomètres, sans aucune surveillance.
Un élément frappant qui étaye cette analyse, c'est la récurrence du thème du "passage". Que ce soit une barrière, un pont ou une rivière, Dora devra franchir cet obstacle symbolique dans presque chacune de ses "aventures". Ce passage, ne nous le cachons pas, c'est la frontière qui sépare le Mexique et les USA. La pauvre petite Dora devra d'ailleurs souvent faire preuve d'astuce et de persuasion pour la franchir, notamment lorsqu'elle est confrontée aux "passeurs" : si Tico l'écureuil remplit cette fonction comme un amalgame de tous les routiers bienveillants qui acceptent de cacher l'enfant dans leurs véhicules, le personnage du Lutin Grognon est toujours plus difficile à convaincre ! Aux travers de ses énigmes, on reconnait bien là le caractère inquisiteur d'un agent des douanes, qui met notre héroïne à l'épreuve avant de lui permettre de poursuivre son voyage. Le Lutin Grognon sera ensuite invariablement grugé, trompé, convaincu ou soudoyé, et c'est bien ce dernier point l'aspect le plus sinistre de cet univers. A votre avis, pourquoi Pompon le Lutin est-il toujours représenté entièrement nu sous sa barbe ?



Véra le varan, Totor le taureau... Les Marquez ne manquent de pas de clients, qu'ils fassent partie du show-biz (Véra) ou qu'ils s'agissent de gangsters bien moins recommandables aux pulsions parfois violentes (Totor). Dora devra aller à leur rencontre à tous afin de collecter les "étoiles dorés" dont elles ne comprend pas bien la valeur véritable. Son aisance dans plusieurs langues ne fera que se développer alors qu'elle perpétue sa besogne.
Il faut bien comprendre que l'histoire toute entière nous est contée du point de vue de Dora elle-même. Elle ne saisit pas bien ce qu'elle vit, et l'exposition prolongée aux drogues qu'elle transporte aussi bien que la solitude extrême et traumatisante qu'elle vit la poussera à se créer une vision déformée et magique de son univers. C'est cette vision étrange et métaphorique qui nous parvient et qu'il convient de décrypter.


II) Le cas Chipeur :

Le seul personnage qui semble constituer une figure d'antagoniste à ce sinistre marché est bien entendu Chipeur le renard. Et si, en réalité, Chipeur était le vrai héros de cette histoire ? Et si le drame qui se nouait sous nos yeux était le sien, sa descente aux enfers ?

Plusieurs indices semblent signifier que Chipeur était à la base un agent des forces de l'ordre, et tout particulièrement de la lutte anti-drogue, chargé d'infiltrer le cartel Marquez afin de le détruire de l'intérieur. Sa mission, il choisit de l'accomplir sous couverture (d'où le symbole du masque) en confisquant de manière systématique la cargaison de Dora. C'est cela qui explique pourquoi il bat en retraite dès qu'il se sait repéré (il ne peut risquer sa couverture) et qu'il se débarrasse immédiatement de tout ce qu'il arrive à dérober (car il ne le fait pas pour son propre profit).
Malheureusement pour lui, son intégrité de départ va vite s'effacer...
On peut supposer que c'est le fait d'avoir à piéger une enfant qui suscita en lui ses premiers dilemmes moraux, ou peut-être la crise d'identité induite par sa couverture. Quoiqu'il en soit, on le verra souvent abandonner sa mission et ses responsabilités, comme dans l'épisode "L'anniversaire de Chipeur" où il noue des liens contre nature avec toute la clientèle des Marquez. Ou bien, pire encore, dans l'épisode "Chipeur l'explorateur", ou il prendra carrément la place de Dora dans le trafic.
Mais l'exemple le plus accablant de la perte de repère de Chipeur demeure l'intrigue de "Dora autour du Monde", où il trahira les forces de l'ordre en aidant Dora à identifier tous les agents des stups infiltrés dans les filières internationales des Marquez, mettant ainsi en grand danger Chipie la mouffette, Chipoie la hyène, Chipka l'ours ou encore Chiping la belette (respectivement infiltrés en France, Tanzanie, Russie et Chine) ! Il ira même, au cours de cette période, jusqu'à restituer les drogues qu'il était parvenues à saisir jusque là.

III) Babouche existe-t-il ?

Vous avez sans doute remarqué que je n'ai pas encore abordé le cas de Babouche, le simiesque et sautillant compagnon et garde du corps de Dora. C'est simplement car sa nature, et son existence même, n'ont à ce jour pas encore été définies dans la série. Son cas est très symptomatique du rapport étrange au réel de l'oeuvre toute entière.
Initialement, nous avons une petite fille qui déforme son univers pour en occulter les aspects les plus traumatisants. Ensuite, un personnage sain d'esprit extérieur, Chipeur, va y pénétrer contre son gré, et, progressivement, être happé corps et âme à l'intérieur. Il est fort probable que Chipeur finisse par voir le monde de la même manière que Dora (puisqu'il est même prêt à assumer les mêmes fonctions).
Ajoutez à cela l'influence la plus forte mais aussi la plus étrange de l'univers de Dora : nous. Le spectateur, symbolisé par cette flèche bleue qui agit à la fois sur l'environnement de Dora, mais aussi sur ses décisions !

En regardant Dora l'Exploratrice, nous devenons les acteurs passifs de la réalisation nihiliste de la non-existence du libre arbitre que vit l'enfant livrée à elle-même dans un monde d'adultes.



2 commentaires:

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